Rétrospective 2018 - STAGE JEU VERBAL ET MASQUE NEUTRE

Rétrospective 2018 - STAGE JEU VERBAL ET MASQUE NEUTRE
Pour le « Jeu Verbal » honneur aux alexandrins et au registre de style élevé à travers la poésie Classique et Romantique. Chaque a pris en charge un monologue. 

Nous nous sommes interrogées à savoir : COMMENT RENDRE LA PAROLE VIVANTE ET PUISSANTE ?

Comment déchiffrer l’oeuvre poétique, l’ordonner et la structurer ?
Comment organiser sa partition pour mettre en lumière le sens et la pensée de l’auteur ? 
Comment captiver verbalement son auditoire ? 


Pour répondre à ces questions, nous sommes partis du  « récit de Théramène » (Racine ACTE 5 scène 6) et avons aborder les points suivants :

1°) Phase d’Introduction / Développement  (Paroxysme - Acmé ) / Conclusion.
2°) Situation initial / Element perturbateur / Péripétie / Résolution / Situation final.
3°) Bloc de sens et segmentation (dégager des idées).
4°) Respecter les règles accentuelles.
5°) Accent tonique / Allitération et assonance / dernier mot porteur de sens (la final est l’âme d’une phrase).
6°) Energie de la phrase - Protase et Apodose.
7°) Notions de mouvements (variations de rythme / longues et brèves / parler bas et parler fort).
8°) L’éloquence : élocution et diction.
9°) L’importance des temps.
10°) Les gammes émotionnelles.
11°) Les types d’adresses (A l’autre / A soi / Au monde).

Bannir et éviter la monotonie !

Titre : Stella
Poète : VICTOR HUGO (1802-1885)

"Je m'étais endormi la nuit près de la grève.
Un vent frais m'éveilla, je sortis de mon rêve,
J'ouvris les yeux, je vis l'étoile du matin.
Elle resplendissait au fond du ciel lointain
Dans une blancheur molle, infinie et charmante.
Aquilon s'enfuyait emportant la tourmente.
L'astre éclatant changeait la nuée en duvet.
C'était une clarté qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l'écueil où la vague déferle ;
On croyait voir une âme à travers une perle.
Il faisait nuit encor, l'ombre régnait en vain,
Le ciel s'illuminait d'un sourire divin.
La lueur argentait le haut du mât qui penche ;
Le navire était noir, mais la voile était blanche ;
Des goëlands debout sur un escarpement,
Attentifs, contemplaient l'étoile gravement
Comme un oiseau céleste et fait d'une étincelle ;
L'océan, qui ressemble au peuple, allait vers elle,
Et, rugissant tout bas, la regardait briller,
Et semblait avoir peur de la faire envoler.
Un ineffable amour emplissait l'étendue.
L'herbe verte à mes pieds frissonnait éperdue,
Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur
Qui s'éveillait me dit : c'est l'étoile ma soeur.
Et pendant qu'à longs plis l'ombre levait son voile,
J'entendis une voix qui venait de l'étoile
Et qui disait : - Je suis l'astre qui vient d'abord.
Je suis celle qu'on croit dans la tombe et qui sort.
J'ai lui sur le Sina, j'ai lui sur le Taygète ;
Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette,
Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.
Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.
Ô nations ! je suis la poésie ardente.
J'ai brillé sur Moïse et j'ai brillé sur Dante.
Le lion océan est amoureux de moi.
J'arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi !
Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles !
Paupières, ouvrez-vous, allumez-vous, prunelles,
Terre, émeus le sillon, vie, éveille le bruit,
Debout, vous qui dormez ! - car celui qui me suit,
Car celui qui m'envoie en avant la première,
C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière !