STAGE JEU CORPOREL ET COMMEDIA DELL' ARTE EN TOSCANNE (Organisé par Le Foyer - Cours d'Art Dramatique)

STAGE JEU CORPOREL ET COMMEDIA DELL' ARTE EN TOSCANNE (Organisé par Le Foyer - Cours d'Art Dramatique)
La commedia dell'arte est un genre de théâtre populaire apparu en Italie au XVIe siècle, vers 1550, mais ses origines remonteraient aux farces du Moyen Age.
L’expression italienne "commedia dell'arte" signifie littéralement "théâtre interprété par des gens de l'art", c’est-à-dire des comédiens professionnels.
Ici masqués, ils improvisent des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l’ingéniosité. Cette forme de théâtre, qui provient d’une longue et vieille tradition latine, « le pantomime » (pièce de théâtre mimée et muette), est apparu avec les premières troupes de comédie masquées en 1528 ; il tient également ses racines des fêtes du rire qui sont à la base de grands carnavals.

Une troupe compte entre 9 et 20 comédiens qui parcourent l'Europe. Ces troupes sont les premières à faire jouer des femmes, à une époque où celles-ci sont interdites de scène, elles sont composées d’acrobates, de ménestrels et de comédiens qui improvisaient, à partir d’une intrigue simple, une comédie mêlée de chants, de danse et d’acrobaties.

Lorsque le poème dramatique eut toutes ses parties et fût devenu tragédie ou comédie, les acteurs sentirent la nécessité de prendre les airs des personnes d’âges et de sexes différents qui y figuraient.
Ils adoptèrent les masques scéniques, sortes de casques qui couvraient le dessus de la tête et le visage, avec des traits vivement accentués, la barbe, les cheveux, et même les ornements de la coiffure.
Les masques furent d’abord en cuir puis en bois. Le sculpteur les fabriquait selon les indications du poète.
Il y avait quatre sortes de masques :
-ceux de la tragédie qui inspiraient la terreur,
-ceux de la comédie qui accentuaient le ridicule,
-ceux du drame satyrique,
-et ceux des danseurs.

Cette forme théâtrale, qui a inspiré les plus grands dramaturges français tels que Molière et Marivaux, était un divertissement pour le grand public et serait né avec la première comédie en prose d’Angelo Beolco, dit Ruzzante, où chaque personnage s’exprimait dans un dialecte différent.
Le comique était principalement gestuel (pitreries).
À partir de là, chaque localité voulut avoir son propre caractère. Les compagnies théâtrales, surtout celles qui jouaient en province, n’avaient pas de plateau fixe et voyageaient de pays en pays en transportant leurs tréteaux, sur lesquels les représentations avaient lieu dans un premier temps. Elles devaient savoir attirer le public et le convaincre d’assister aux représentations. Les canevas, par conséquent, permettaient à une compagnie théâtrale experte de mettre en scène des situations de l’actualité locale en quelques heures.

Dans la comédie improvisée, le discours est sans cesse renouvelé, les acteurs s’inspirant de la situation dramatique, des circonstances de temps et de lieu, faisaient de la pièce qu’ils représentaient une œuvre changeante, incessamment rajeunie. Quant aux types comiques, ce sont les mêmes que ceux de la comédie italienne : ses masques et ses bouffons s’y retrouvent.

Dans la Commedia Dell’Arte, l’acteur joue toute sa vie le même rôle. En effet, il était pratiquement impossible qu'un acteur apprenne par cœur plus d'un seul répertoire, tant il était vaste. Chacun se spécialisa donc peu à peu dans un rôle qu'il finissait par posséder parfaitement.
L'acteur improvise à partir des techniques qu’il a apprises tout au long de son évolution à travers le personnage et aussi les techniques qui sont consignées dans des centonis ou cahiers. Ces cahiers servent à toute la troupe, et permettent de laisser les techniques en mémoire pour les autres comédiens.

Il y a d’abord les quatre types principaux : Pantalon, le Docteur, le Capitan, et les zannis ou valets, avec leurs variétés de fourbes ou d’imbéciles, d’intrigants ou de poltrons ; puis les amoureux, les Horace, les Isabelle ; enfin les suivantes, comme Francisquine, Colombine, qui apparaît parfois comme jeune fille de bonne famille, mais le plus souvent comme coquine prostituée, ou enfin Rosetta et Sméraldine.
Chaque acteur adoptant et conservant un personnage en rapport avec ses aptitudes, s’incarnait dans son rôle et, pour enrichir son discours, se faisait un fonds de traits conformes à son caractère. « Les comédiens, dit Niccolò Barbieri, étudient beaucoup et se munissent la mémoire d’une grande provision de choses : sentences, concetti (pensées brillantes), déclarations d’amour, reproches, désespoirs et délires, afin de les avoir tout prêts à l’occasion, et leurs études sont en rapport avec les mœurs et les habitudes des personnages qu’ils représentent. »
La plupart des acteurs étaient des gymnastes de premier ordre capables de donner un soufflet avec le pied, ou d’exécuter dans l’intérieur de la salle de spectacle des ascensions périlleuses. Beaucoup d’initiative leur était laissée et la verve de parole de l’acteur, ses lazzi (plaisanteries), son talent mimique faisaient la plus grande partie du succès de la Commedia Dell'Arte.

Les déguisements ont une importance centrale dans l'univers de la commedia dell'arte. Par leur présence, ils conjurent un personnage aux attributs reconnaissables et suffisent à évoquer l'ébauche d'une histoire. Selon les spécialistes Michèle Clavilier et Danielle Duchefdelaville, ils « symbolisent la métamorphose, l'évasion dans un univers où chacun est à la fois spectateur et acteur, ce qui rend la fête encore plus complète. »

Les comédies se basaient sur des personnages bien reconnaissables et des caractères stéréotypés, avec une gestuelle riche, parfois emphatique, des dialogues souvent improvisés, mais qui pouvaient contenir des tirades apprises par cœur, faisant la satire de différentes conditions sociales et culturelles.
Tous les acteurs, à l’exception du couple d’amoureux et des servantes, portaient le masque. Avec les mêmes masques très typés, chaque compagnie construisait des centaines de situations différentes.

Evariste Gherardi, successeur de Dominique Biancolelli dans le rôle d'Arlequin dit : « Qui dit bon comédien italien dit un homme qui a du fond, qui joue plus d'imagination que de mémoire, qui compose en jouant tout ce qu'il dit, qui sait seconder celui avec qui il se trouve sur le théâtre, c'est-à-dire qui marie si bien ses actions et ses paroles à celles de son camarade, qu'il sait entrer sur le champ dans tout le jeu et dans tous les mouvements que l'autre lui demande. »

La popularité de la commedia dell’arte, en Italie comme à l’étranger, fut extraordinaire. Au XVIIe siècle où la commedia dell’arte était plus brillante que jamais en Italie, les gouvernements d’Espagne et de France cherchèrent à censurer et à réglementer cette forme théâtrale.
Plus tard, la comédie italienne reprit à la France, en le perfectionnant, ce que celle-ci lui avait emprunté, et les pièces de Molière passèrent pour la plupart, réduites à leur canevas, dans le répertoire mobile de la commedia dell’arte.

Au XVIIIe siècle, en Italie, Carlo Goldoni donne un nouveau souffle à la commedia dell’arte. Goldoni oblige ses acteurs à se référer au texte écrit, à renoncer aux pitreries faciles, éliminant peu à peu les masques, en conférant aux personnages une individualité toujours plus personnelle, dans le goût de la bourgeoisie de son époque. Il a transformé la commedia dell’arte en comédie de caractère, cependant que Carlo Gozzi reste dans la tradition du conte, ayant recours à des arguments aux accents pathétiques et satiriques, se référant à des personnalités et coutumes contemporaines.

Le XIXe siècle oublie, à l’exception de Maurice Sand, fils de George, quelque peu cet art ancestral. En France, cependant, la famille Deburau reprend les personnages de Pierrot et Colombine et Arlequin les intègre à ses mimodrames.

Au XVIIIe siècle, Carlo Goldoni donna un nouveau souffle à la commedia dell’arte en écrivant en prose, en éliminant peu à peu les masques et en donnant aux personnages une individualité toujours plus marquée. Il fit évoluer ce genre théâtral vers la comédie de caractère, tandis que son "rival" Carlo Gozzi restait dans la tradition.